Ateliers d'écriture de médecine narrative 

La médecine narrative définie par le Dr Rita Charon (USA) dans les années 2000 vise à amender l’empathie des soignants par la capacité à interpréter le récit singulier de leurs patients. En France, elle s’inscrit dans un mouvement de “retour des humanités à l’hôpital”.

Écriture créative et médecine narrative

Cet atelier réunit différents animateurs ou futurs animateurs issus du domaine de la santé (orthophonie, soins infirmiers, soins palliatifs) et de l’éducation thérapeutique, du coaching ou du journalisme. Il participe d’un Certificat Universitaire de médecine narrative mis en place par Anne-Marie Petitjean à CY Cergy Paris Université, centré sur les apports de l’écriture créative : pratique de la lecture et de l’écriture, avec réflexivité et échanges au sein d’un groupe.

 

Se doter d’un corpus littéraires et apprendre à fabriquer des dispositifs d’écriture

La construction des ateliers est examinée de la préparation des textes inducteurs à la réception des productions. Les participants sont invités à se saisir des extraits d'œuvre lus à chaque séance pour constituer un corpus d’appui de leurs ateliers. Les échanges au sein du groupe viennent enrichir les propositions de dispositifs faites par chaque participant en regard des publics et objectifs qu’il vise.



Gros plan sur 4 thématiques littéraires

L’initiation à l’induction, à la production et à la réception de récits en contexte de soin est abordée durant 4 séances d’une demi-journée, focalisées chacune sur une thématique littéraire.


Dans le contexte du soin, l’expression du temps occupe une place centrale : moments douloureux où le temps semble arrêté, attente de la guérison, accélération lors d’une annonce, scission entre temps d’avant et temps d’après... Les participants sont invités à prendre conscience de leur agilité à “jouer de l’accordéon temporel” en écrivant deux fois le même souvenir : une première fois au présent, puis en enrichissant le souvenir de projections, digressions, remémorations. Lors de la lecture des couples de texte, le groupe s’emploie à qualifier les effets des modifications apportées.


« Je voudrais me rappeler quand le premier mendiant est apparu à l’entrée des 3 Fontaines »

Annie Ernaux, Journal du Dehors




Lectures

Des fées aux pleureuses. Les figures de l’accompagnement, du berceau au tombeau.

Sous la direction de Léonore Brassard et de Benjamin Gagnon Chainey, ce numéro 10 de la revue Musemedusa vous fera voyager à la rencontre des figures du soin et de l'accompagnement, des fées au care, à travers des articles critiques et des textes littéraires. Vous pourrez notamment y lire le texte "Être auprès" d'Anne Demerlé Got, Lignes vives.

Lire la revue



« Il neige ! quelle idée, nous sommes en juin. En fait plutôt en décembre, j’ai la   tête à l’envers, c’est le début de l’été dans l’hémisphère sud. J’avance sur le ponton glissant du port d’Ushuaïa, le sac trop lourd sur les épaules, le chien du coin à mes basques. Ce matin, j’ai rendez-vous avec mon rêve. Il porte le nom de Vahiéré , une goélette de 18m qui va m’emporter vers le Cap Horn. D’une porte minuscule surgit une femme minuscule : Salut ! »

« J’avais tant lu ces mots : « la Patagonie, il n’y a plus que la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse. La Patagonie et un voyage dans les mers du sud. » J’avais 13 ans, une petite conscience en éveil. Là-bas au Chili, on entendait le bruit des bottes. Le soir, le poste en noir et blanc débordait de violence, de larmes, je vibrais, je cherchais à lire. Ainsi, j’ai découvert la Terre de Feu, aux confins du Chili. Puis Pablo Neruda m’a tenue en appétit, il m’a menée vers Francisco Coloane. Francisco est mousse sur les baleinières qui doublent le Cap Horn. Il écrit le vent, les naufrages, les peuples oubliés. J’irai je disais, j’irai ! Depuis, tout fut préparatifs, parties remises, projections vers ce moment. Ce matin, il neige et j’accomplis mes premiers pas sur le ponton du port d’Ushuaïa. »

Isabel Gaudier